En 1960, les Sept Mercenaires, réalisés par John Sturges, réadaptent à la sauce hollywoodienne, les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa, sorti 6 ans plus tôt.
Le réalisateur est aussi producteur de son film, qui clôt une décennie des 50's qui fut riche en succès diverses et variés comme Règlements de compte à OK Corral ou Le dernier train pour Gun Hill, qui firent monter la côté de Sturges au firmament.
L'histoire des "magnifiques", commence dans dans l'Ouest profond, où un dénommé Chris, joué par Yul Brynner, aidé par un certain Vin, interprété par Steve McQueen,
conduit au cimetière un vieil indien, qu'une bande de cow-boy du cru refuse de voir enterré à côté des gens du bled,
sous le regard curieux de Chico, joué par l'allemand Horst Buchholz.
Pendant ce temps, dans un pueblo mexicain, l'infâme Calvera, sous les traits d'Eli Wallach, à la tête de sa bande de bandidos, rackette de manière éhonté les campesinos du coin,
Les paysans, sous les conseils du Vieux du village, joué par Vladimir Sokoloff,
se décident à aller en ville, chez les gringos, pour embaucher des pistoleros sensés les protéger de la rapacité de Calvera. Les 3 caballeros mandatés pour cette mission vont donc voir Chris, tout de noir vêtu, droit comme un I.
Le deal ? Venir aider les villageois à se débarasser de Calvera, contre une solde misérable de 20 $ pour 6 semaines de boulot, tous frais payés !
Chris accepte la mission, contre toute attente, pour cette somme dérisoire. Le goût de l'action et l'envie de venir en aide à ces humbles paysans sont plus forts que l'intérêt pécunier. Vin, qui traîne encore dans les parages, sans le sou, se laisse tenter par l'aventure,
alors qu'Harry Luck, joué par Brad Dexter, un ami à Chris, rejoint le duo, persuadé que la prime modique cache quelques mines d'or dont Brynner tait l'existence !
Le trio va vite être rejoint par un as du couteau, Brit, joué par James Coburn,
par Bernardo/Charles Bronson,
et par Lee, un tireur d'élite sous les traits de Robert Vaughn.
6 pistoleros qui par goût de l'aventure et défi, acceptent le marché, bientôt rejoint par Chico, jeune cheval fou, avide d'action !
Nos 7 magnifiques s'en vont donc dans ce lointain pueblo, fraîchement accueillis par des paysans méfiants, tous de blancs vêtus !
Mais la confiance va vite s'installer entre les deux groupes, Bernardo amusant les enfants avec son pipeau,
Chico mimant la muleta et le torero !
Nos mercenaires vont entraîner au tir ces braves paysans,
pour recevoir les bandidos avec du plomb. Et lorsque Calvera se ramena, il fut supris de rencontrer ces 7 échalas !
Le plomb parla, et notre horde d'argousins se défila devant tant de courage ! Mais si la bataille avait été gagnée, la guerre était lon d'être finie ! Encerclé, peu soutenu par des paysans hésitants, nos 7 magnifiques furent piégés par Calvera, qui, magnanime, leur manda de partir,
pour sauver leur peau ! Départ nécessaire, mais retour programmé ! Car on ne la fait pas à ces mercenaires-là,
qui humiliés par Caldera, vont s'en retourner, pour l'honneur, combattre la "caillera" !
De ce dernier combat, Harry Luck,
Lee,
Brit et Bernardo,
trépasseront ! Mais Chris aura la peau de Caldera,
libérant à jamais, le pueblo de ce fléau !
Le devoir accompli, Chris et Vin, s'en iront,
laissant Chico à sa douce mexicaine !
Western devenu culte, le film souffre pourtant de tares congénitales au cinéma hollywoodien de l'époque. Un manque de réalisme criant, des clichés ayant la peau dure, et des bons sentiments fleurant bon la guimauve ! Nos 7 mercenaires, bien peu attirés par l'argent, sont surtout mus par l'honneur et l'esprit chevalresque, heureux d'aller défendre la veuve et l'orphelin, dans ce pueblo lointain, avec des paysans mexicains tous de blancs vêtus, incapables de se défendre par eux-mêmes ! Les autorités mexicaines, maries par l'expérience Vera Cruz, d'Aldrich, censé avoir donner une mauvaise image des mexicains, avaient délégué des superviseurs sur le film de Sturges, l'obligeant à vêtir les campesinos avec des tuniques immaculées, un mexicain, fut-il un péon, ne pouvant être sale ! L'anecdote est savoureuse et symbolise le manque criant de réalisme du film, avec des cow-boys impeccablement peignés, portant des vêtements sortis juste du pressing, très loin du réalisme du western italien, avec son univers crasseux et ses personnages cyniques ! Car le film manque singulièrement de noirceur, et les mercenaires sont d'une gentillesse éprouvée, avec un Charles Bronson jouant avec les enfants, et des gringos qui respectent à la lettre la virginité des habitantes du village, malgré une abstinence pesante ! Nous sommes très loins des soudards de Peckinpah dans sa Horde sauvage ! Même Eli Wallach, jouant le bandit Caldera peut nous apparaître sympathique en étant magnanime avec nos mercenaires !
Le film un peu désuet, restera surtout pour son casting exceptionnel, avec un Yul Brynner, seule star confirmé du film, juste sorti de ses rôles bibliques, qui s'imposera avec son regard intense,
entouré d'acteurs promis à un grand avenir, comme Steve McQueen,
jeune tendron ambitieux, qui aura quelques problèmes avec le divin chauve, sur ce film, ou Eli Wallach,
féroce chef de bande, dont on retrouvera des accents dans le Tuco du Bon, de la Brute et du truand, de Leone, quelques années plus tard !
En conclusion, le film souffre trop, aujourd'hui, de la comparaison avec le western italien, plus réaliste et moins bisounoursien, mais reste un monument du cinéma de l'époque, avec la musique lyrique d'Elmer Bernstein !