En 1972, Claude Sautet retrouve encore Romy Schneider, qu'il avait dirigé sur Max et les Ferrailleurs, mais ici, c'est le duo masculin Yves Montand-Sami Frey qui va craquer pour la belle autrichienne.
César est un homme d'âge mur qui a réussi dans la vie,
et qui collectionne belles bagnoles (un hommage à Melville ?),
et parties de poker !
Mais voilà, Rosalie, sa maîtresse, s'ennuie de cette flamboyante réussite,
le regard perdu dans quelques promesses de nouvelles aventures qui prennent la figure d'un certain David.
Artiste à la chevelure léonine, notre Sami fascine la belle Rosalie,
qu'elle couvre du regard de Chimène. David, le bourgeois-bohême contre César, le nouveau riche rouleur de mécanique,
entre ces deux-là, Rosalie a choisi,
au grand désespoir de César.
Car ce qu'il croyait n'être qu'une passade, un accident, devient un fait accompli, Rosalie s'en va ...
Mais chez Sautet, les choses ne sont jamais simples, et les couples deviennent vite des ménages à trois ! A Noirmoutier, alors que le nouveau couple s'installe face à l'océan,
un César repenti débarque,
un peu suppliant et dépenaillé,
cherchant un regard de sa Rosalie adoré,
qu'il espère regagner.
Entre César,
et David,
une curieuse complicité va se nouer, étonnant même Rosalie.
Deux générations d'homme nouant une relation amicale,
sur un lumineux objet du désir ...
Dans cet opus, Sautet continue ses variations autour de la complexité des rapports amoureux, chassé-croisé permanent que symbolise la nouvelle liberté des moeurs de ces seventies, ère du doute et des incertitudes, pour des hommes qui ont perdu de leur pouvoir devant la montée en puissance des femmes. César, le macho a qui tout réussi, se trouve démuni face aux nouveaux désirs de Rosalie, qui aspire à autre chose que d'être un faire-valoir pour son homme. Le duo Montand-Frey, qui gravite autour de la belle Romy, incarne cette mutation générationnelle, entre l'homme tout puissant à l'homme avant tout amant, sensible aux désirs féminins qui se meut non plus dans l'affichage décomplexé de la réussite, mais dans l'écoute et la psychologie tacite.
Il restera surtout de ce film, le souvenir ému des regards vertigineux de Romy, se perdant dans le Noirmoutier océan et une fin ...sublime !